Donner de la profondeur à la réflexion
Le développement de l’intelligence artificielle, engagé depuis longtemps, atteint un nouveau seuil avec l’irruption des moyens techniques de fabriquer des conversations. Mais quelles transformations cela engendre-t-il ?
Ce numéro est un recueil de varia, porteur notamment de deux articles, l’un de Christoph Theobald, l’autre de Benoît Vermander. S’il y avait un fil à tenir pour ce numéro, il nous semble être donné par l’exigence de la mission de l’Église : interpréter ce qui nous arrive et donner accès à l’œuvre de Dieu dans le monde.
Un constat s’est imposé au dernier colloque des RSR, qui a eu lieu en novembre 2022 : la créativité, l’intelligence et la pugnacité sont à l’œuvre pour transformer nos modes de vie et nos rapports à la terre, menacée par l’exploitation effrénée que nous en faisons.
La question du salut a déjà été maintes fois explorée dans les RSR, sous divers angles : interrogation de la dimension ecclésiale de la foi dans l’horizon du salut (on formulait l’hypothèse que c’était principalement la proposition d’un salut à orientation eschatologique qui posait alors problème), question renouvelée dans l’affrontement de la crise culturelle de l’Europe, dans l’évaluation de la portée des événements historiques sur la théologie, dans l’urgence de la crise écologique aussi. Le salut en Jésus-Christ annoncé par l’Église est-il à l’horizon du temps de notre histoire ?
Dans un monde sécurisé par l’organisation que nous lui avons donnée et la connaissance que nous en avons acquise, efficace et productif, assurant, mais à certains seulement, paix, prospérité et santé, l’horizon de la certitude a semblé être le seul à fixer. Mais les diverses crises actuelles plongent nos existences individuelles et collectives dans l’incertitude. Nous ne sommes pourtant pas sans ressources pour vivre dans cet état qui semble en tout point opposé à ce que nous semblons avoir bâti…
Le colloque des RSR, qui se tiendra du 17 au 19 novembre 2022, interrogera la pertinence de la notion théologique de conversion quant à l’écologie, alors même qu’est reconnue la nécessité de transformer radicalement nos modes de vie pour tenter de résoudre la crise actuelle. Ce numéro préparatoire établit un état de la question, frayant un chemin dans l’immense bibliographie et les nombreuses problématiques liées à cette situation.
La question de l’immédiateté de Dieu est aujourd’hui à la fois une recherche dans l’expérience croyante et, pour les Églises, un vecteur possible pour une annonce de l’Évangile tenant compte des attentes actuelles, à distance semble-t-il de la théologie et de ses recherches. Mais elle introduit au Mystère même de la Trinité ; c’est une interrogation sur le Dieu Trinité et le langage de la foi qui ne cesse de se poser, celle de « l’immédiateté médiatisée » de Dieu, pour reprendre une expression de Rahner.
Dans ce numéro, il ne s’agit pas tant de rendre hommage à Joseph Moingt que de présenter son œuvre, synonyme de « l’actualité de l’acte de croire ».
Ce numéro n’a pas pour but d’esquisser une histoire du catholicisme contemporain, mais de se pencher sur les processus d’élaboration des analyses des historiens pour mieux interroger la façon dont les théologiens se rapportent à l’histoire en mouvement, surtout dans la période d’inquiétudes et d’incertitudes que nous traversons actuellement.
Aujourd’hui la fécondité de la pensée de Karl Rahner n’est plus à démontrer. Nombreux sont ses interprètes et quasi innombrables les travaux de celles et ceux qui se sont inspirés de sa théologie pour penser leur propre pratique dans l’Église et la société ou ont poursuivi son travail de manière créative, voire l’ont infléchi sur tel ou tel point débattu. Les actes du colloque qui s’est tenu au début de l’année donnent quelques témoignages de cette puissance d’engendrement.
