« Manger Dieu » ou agapes fraternelles ? Les deux conceptions s’affrontent avec la Réforme protestante, calviniste surtout : on dénonce ici l’anthropophagie inavouable du rituel catholique et là, la réduction à un banquet symbolique mais décléricalisé : un bon aperçu dans
l’Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil de Jean de Léry (1578), popularisé par le roman de Jean-Christophe Rufin,
Rouge Brésil (2001). En amont, à l’époque carolingienne, la controverse entre Béranger de Tours et Lanfranc du Bec : l’eucharistie, symbole ou réalité ? Aujourd’hui, certains revendiquent un “ droit ” (bafoué par les règlements) d’avoir « ma » messe. … ou au moins, de consommer l’hostie eucharistiée : manducation légèrement dissociée de l’acte liturgique de l’action de grâces ? introjection de l’objet sacral ? Et qu’en est-il devenu de la « communion spirituelle » ? Et comment comprendre en ses diverses modalités la « présence réelle », un
topos du consensus théologique ? Le cardinal Mario Grech, secrétaire du Synode des évêques, a déploré un « certain analphabétisme spirituel » des catholiques, révélé lors de cette épreuve ; et de fait, n’y a-t-il pas un rétrécissement de l’intelligence de l’expérience eucharistique ? De son côté, le frère François Cassingena-Trévedy, avec l’audace propre au monde monastique, se sera interrogé sur les frémissantes protestations qui ont occupé le devant de la scène médiatique. Nous adopterons la même franchise pour assainir notre intelligence de l’expérience croyante.