En 1977, Metz publie La foi dans l’histoire et dans la société : une proposition vigoureuse pour que l’Eglise témoigne du Christ dans des sociétés de confort et de routine tentées par l’oubli et l’apathie. Cet engagement est indissociable, pour lui, d’un devenir-sujets-solidaires face à Dieu, perspective dont on ne doit pas oublier la dimension politique. En 2006, il publie Memoria passionis qui reprend la même question trente ans plus tard, à l’heure de la mondialisation et de la crise écologique. Il est amené à en accentuer la tension dramatique : ce qui est en jeu, pour Metz, c’est aussi l’avenir de l’humanité, qu’elle puisse faire entendre une voix (plurielle) et prononcer une parole vraie. Une clé pour lui réside dans un juste rapport à la souffrance. Celui-ci peut passer par le cri et une mystique du « mal à Dieu », mais il consiste surtout en compassion et accepte l’autorité de ceux qui sont frappés par le malheur. Telle est la « mémoire dangereuse et libératrice » que les chrétiens sont chargés de porter dans un monde qui risque de tourner en boucle sur lui-même.
Qu’apporte une telle perspective pour penser l’Église et le monde en ce début XXIe siècle ? C’est la question que nous nous poserons lors de ce séminaire.
Bibliographie :
J.-B. Metz, La foi dans l’histoire et dans la société. Essai de théologie fondamentale pratique, Cerf, Cogitatio Fidei, 1979 (1999).
J.-B. Metz, Memoria passionis. Un souvenir provocant dans une société pluraliste, Cerf, Cogitatio Fidei, 2009.
J.-B. Metz, Un temps pour les ordres religieux ? Mystique et politique à la suite de Jésus, Cerf, 1981.
P.-Y. Materne, La condition de disciple, Éthique et politique chez J.-B. Metz et S. Hauerwas, Cerf, Cogitatio Fidei, 2013.
Ouvert sur autorisation du directeur de cycle, formulaire à demander au secrétariat.

Étienne GRIEU
Jésuite, docteur en théologie, agrégé de géographie, ancien élève de l’ENS (Fontenay-Saint-Cloud), professeur de théologie, président du Centre Sèvres.
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