Penser la conversion écologique

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Publié le 21 octobre 2022

Parmi les crises que nous traversons (ou plutôt que nous subissons en espérant les traverser) la crise écologique est sans doute celle qui nous tiendra encore pour de nombreuses années. Faut-il seulement s’en désoler ? Comme l’indique le pape François, les moments d’épreuve peuvent aussi être vus comme des « temps pour changer », se remettre en cause et agir pour un mieux. C’est ainsi qu’il appelle à une profonde « conversion écologique » (Laudato Si’ n°216-221) « qui nous unisse tous » en vue de la « sauvegarde la maison commune ». Le mot conversion, qui suppose à la fois changement d’orientation de vie et modification de son comportement, indique bien la profondeur tant éthique que spirituelle à laquelle cet enjeu nous appelle. Les changements structurels, économiques, sociaux ou politiques, nécessaires, ne seront possibles qu’accompagnés d’un changement intérieur, celui du cœur.

En effet, à la racine de la crise, le pape parle de « conditionnement mentaux et sociaux » (LS 205), « d’égoïsme collectif » (LS 204), « d’obsession consumériste » (LS 204) comme autant de phénomènes d’une liberté aliénée qu’il s’agit d’orienter « à nouveau vers le bien » et de « régénérer » (LS 205).  Face à ce qui apparaît comme une addiction à la consommation, au marché, au toujours plus, les lois et les contraintes ne seront jamais suffisantes. On ne se délie pas d’un tel engrenage compulsif par le seul effet d’un mouvement de la volonté et le penser peut mener au désespoir.

« L’existence de lois et de normes n’est pas suffisante à long terme pour limiter les mauvais comportements, même si un contrôle effectif existe. Pour que la norme juridique produise des effets importants et durables, il est nécessaire que la plupart des membres de la société l’aient acceptée grâce à des motivations appropriées, et réagissent à partir d’un changement personnel. C’est seulement en cultivant de solides vertus que le don de soi dans un engagement écologique est possible » (LS 211).

Pour acquérir ces nouvelles habitudes du cœur et de l’action, la tradition chrétienne, parmi d’autres, dispose de ressources précieuses. Il s’agit de les explorer. C’est bien ce que fait le Centre Sèvres dans ses formations « Laudato Si’ ». Comme l’indique le prochain colloque des Recherches de Science Religieuse qui aura lieu les 17-18 et 19 novembre prochain, il s’agit de penser la conversion écologique.

Alain Thomasset, sj doyen de la faculté de théologie