L’Esprit ne peut se manifester et être reconnu, en ce lieu politique, qu’à certaines conditions, au premier rang desquelles figure la rencontre authentique. La « culture de la rencontre » sans peur ni préjugé, si chère au pape François, est une condition essentielle. Et la rencontre n’est digne de ce nom que « lorsque la parole et l’acte ne divorcent pas, lorsque les mots ne sont pas vides, ni les actes brutaux, lorsque les mots ne servent pas à voiler des intentions mais à révéler des réalités, lorsque les actes ne servent pas à violer et détruire mais à établir des relations et créer des réalités nouvelles ».
La rencontre authentique est à la base de la vie spirituelle comme de la vie démocratique ; elle peut se faire avec le plus proche, au cœur même de nos familles (ou communautés) fragilisées, comme avec le plus lointains, aux « périphéries » de nos cercles ou habitudes. Nous ne sommes pas tenus de choisir entre la veuve et l’orphelin, entre l’ami et l’étranger. Et il est possible de faire l’expérience – joyeuse et surprenante – d’être soi-même accueilli lorsque l’on ouvre sa porte au demandeur d’asile. L’hospitalité du cœur n’a pas de frontières.
Véronique Albanel, professeur de philosophie au Centre Sèvres