Interpréter la Bible aujourd’hui : « la plus difficile est préférable »

Peter GALLAGHER
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Billet
Publié le 22 septembre 2022

La plus difficile est préférable. L’un des principes de la critique de texte est lectio difficilior potior : lorsque différents manuscrits sont en conflit, la manière de lire le texte la plus inhabituelle est probablement la plus proche du manuscrit original. Le présupposé est que les copistes médiévaux sont plus susceptibles d’avoir substitué à des mots inattendus des expressions plus familières et moins controversées, que l’inverse.

Le frère David-Marc d’Hamonville, ancien père-abbé d’En-Calcat, a donné la conférence de la rentrée au Centre Sèvres le 19 septembre. Ce bibliste acclamé nous a exhortés à lire la parole de Dieu avec beaucoup d’attention. Le frère David a élargi l’idée que la plus difficile est préférable en un principe général d’interprétation de la Bible. Nous ne devrions pas hésiter à essayer de donner un sens aux passages bibliques qui décrivent la violence et le chaos. Ces textes sont peut-être les plus utiles à nos contemporains dont la vie est violente et chaotique. Nous ne partageons pas fidèlement l’enseignement de Jésus si nous supprimons les sections dans lesquelles il est décrit parlant ou se comportant de manière déroutante.

La plus difficile est préférable pourrait-il être une sorte de règle de vie pour nous, théologiens et philosophes du  Centre Sèvres ?  Non, bien sûr, si cela nous conduit à être obscurs pour le plaisir de le faire. La clarté de la pensée et de l’expression est l’un de nos objectifs. Mais nous n’avons pas peur devant la difficulté. Notre communauté s’engage à rechercher la compréhension sur des sujets et des questions souvent jugées difficiles. Nous ne sommes jamais satisfaits des réponses faciles.

Peter Gallagher, sj, doyen de la faculté de philosophie

Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris