Images de guerre, avenir bouché : retrouver l’espérance avec Abraham et Paul

Images de guerre, avenir bouché : retrouver l’espérance avec Abraham et Paul
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Les chaînes de télévision et les brèves sans fin d’internet nous entretiennent dans une certaine hébétude, faisant voir les horreurs du moment et perdre toute raison d’espérer. Reste-t-il un chemin aujourd’hui pour une espérance ?

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation… » Cette promesse (Gn 12,1-2a) à laquelle Abraham a donné foi, Paul la relit avec ces mots : « Espérant contre toute espérance… » (Rm 4,18). C’est en ce lieu, là où l’espérance ne va pas de soi, où toute espérance semble désormais impossible, qu’est possible une autre espérance, celle qui naît de la confiance en la Parole de Dieu.

Quitter son pays, c’est sans doute savoir aujourd’hui lutter contre l’accoutumance aux nouvelles horribles qu’entretiennent les algorithmes des réseaux sociaux. Prendre du recul, et l’on pourrait dire « veiller à son hygiène mentale », ou bien à la « garde du cœur », pour s’informer d’une manière qui soutienne notre confiance en Dieu, notre lucidité, et notre capacité d’agir.

« Devant la promesse divine, il ne succomba pas au doute, mais il fut fortifié par la foi et rendit gloire à Dieu » (Rm 4,20). Quand il le dit d’Abraham, Paul n’ignore rien des circonvolutions étranges par lesquelles passèrent l’itinéraire du patriarche. De même, il nous est bon de faire mémoire des épreuves déjà traversées. Elles sont certes différentes de celles d’aujourd’hui, mais elles peuvent nous apprendre à réagir avec davantage de sagesse. Tout semblait s’être effondré irrémédiablement lors de l’exil à Babylone (587 av. J.-C.), quand tous les signes de l’Alliance du peuple avec Dieu furent détruits par Nabuchodonosor : la terre promise, comme pays indépendant ; le Temple, où Dieu faisait résider son nom ; le roi descendant de David, choisi par Dieu pour gouverner avec justice… Tout cela s’est effondré, et pourtant la foi d’Israël a survécu ; mieux encore, elle s’est approfondie et a découvert l’universalité de son Dieu.

En continuant à réfléchir à Abraham, Paul fait le lien avec notre foi : la justice d’Abraham fut comptée « pour nous aussi, puisque nous croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur » (Rm 4,24). C’est là que l’actualité vient purifier notre espérance. Certes, bien des espoirs s’effondrent aujourd’hui : qui pourrait croire que le monde sera plus paisible, plus fraternel, ou simplement plus habitable, dans quelques décennies ? Mais ces effondrements doivent nous ramener à l’essentiel, qui est la source d’une espérance intarissable : croyons-nous en celui qui a ressuscité Jésus ?

 

Erwan Chauty, sj
Doyen de la faculté de théologie du Centre-Sèvres – Facultés jésuites de Paris

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