Le synode sur l’Amazonie se termine ces jours-ci. L’Eglise s’interroge à partir d’une région particulière, mais c’est dans l’idée que ce qui se vit là-bas nous concerne tous, quel que soit le lieu où nous habitons. De fait, ce synode n’est pas mené selon une logique purement locale, sa visée est aussi de mettre à jour des questions qui, en réalité, concernent toute l’Eglise : notre rapport à la terre, au vivant, l’expression de la foi dans les cultures populaires, la vie des communautés isolées peu visitées par des ministres ordonnés, notre capacité à résister à la pression de ce qui promet richesse et succès au détriment de ce que nous sommes…
Il paraît que tel ou tel participant a trouvé ridicules les coiffes à plumes des indiens qui étaient présents à l’événement ; et que le pape aurait dit à ce propos qu’il ne trouvait pas beaucoup de différence entre de telles coiffes à plumes et la barrette portée par certains officiels des dicastères (La Croix 7 oct.). Voilà qui résume très bien le déplacement que l’Eglise, et nous avec, sommes appelés à faire : sommes-nous prêts à recevoir quelque chose de Dieu de la part de ceux qu’on considère comme une humanité résiduelle, sans pertinence aucune dans le monde actuel ? Autour de nous, les hommes et les femmes qui « ne comptent pas » sont nombreux ; et il n’y a même pas de plumes pour les signaler ! Or, c’est sans doute d’abord à travers ce qu’ils vivent que Dieu s’adresse à nous aujourd’hui.
Étienne Grieu, sj
Président du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris