De quelques exigences pour vivre en citoyen

Billet
Publié le 27 janvier 2015

 

Se risquer à poser des gestes et des paroles
Combien de silence sont des démissions, alors que des paroles sont à dire et des gestes à poser ! Certes, on ne peut pas se faire l’apôtre de toutes les causes ; ce serait insignifiant. Mais si toutes les causes m’indiffèrent toujours, si jamais je ne donne un peu de mon temps, de mon argent, un peu de moi-même, si jamais je n’exprime combien je suis blessé par le mal qui affecte l’autre et ne viens à ses côtés partager en quelque manière son combat -même très modestement-, c’est le signe qu’il y a urgence à réveiller ma conscience. La paralysie d’un membre est grave pour le corps social tout entier, car les démissions s’additionnent et se renforcent. Quand toute une société déserte son devoir, la logique de mort fait des ravages.

 

Passer par des médiations longues
En s’inscrivant dans le cadre des associations, des syndicats, des partis, des Églises aussi, l’action opère dans la durée. Elle doit accepter de ne pas satisfaire immédiatement tous ses objectifs pour les réaliser de manière plus solide et plus durable. L’indignation risque d’être sans lendemain si elle ne s’investit jamais dans des institutions qui organisent le dynamisme des énergies individuelles. Tel est le paradoxe de l’action : alors qu’il y a urgence à dire et à faire parce que des vies sont menacées, il importe de consentir aussi à des transformations lentes ; et si parfois il faut aller très vite, le plus souvent il faut échapper au piège des relations courtes pour aller plus loin.

 

Henri Laux sj

Président du Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris