C’est la Pâque du Seigneur

Portrait Etienne Grieu
Billet
Publié le 25 avril 2022

L’interminable épisode de la pandémie qui nous a profondément bouleversé semblait devoir enfin se clore, voici qu’arrive, avec une brutalité extrême, le drame de la guerre en Ukraine, ramenant au premier plan les souvenirs terribles des dévastations en Europe. Décidément, notre monde vacille de tous côtés. Qui peut nous aider à garder l’espérance ?

Lorsque vient à moi cette question, je me tourne vers celles et ceux – par exemple ici au Centre Sèvres – qui viennent de continents marqués depuis des décennies par la violence ou soumis à des régimes autoritaires. Eux ont appris dans des contextes où, parfois, tout semble fermé, à discerner les chemins vraiment prometteurs, ceux qui nous mettent sur les traces de Dieu. Il ne s’agit pas nécessairement de grands projets d’ensemble mais de ce qui est à notre portée pour permettre que la vie soit accueillie et se déploie : autour de la scolarisation d’enfants ou de jeunes, de la formation d’acteurs de l’Eglise, autour d’initiatives de dialogue ou de paix, d’accueil de l’étranger, du refus de voir le mensonge l’emporter, du souci des plus vulnérables…

A voir l’énergie qu’ils y mettent, il y a là quelque chose d’exaltant. D’où vient ce dynamisme et cette joie ? Peut-être du fait qu’il s’agit à chaque fois de combats risqués qui obligent à s’y engager tout entier. Et certainement aussi parce qu’en ces lieux, on fait l’expérience de n’être pas tout seul.

Dans le premier Testament, retentit cette clameur « c’est la Pâque du Seigneur ! » (Ex. 12,11) alors même que le peuple de Dieu semble bloqué de tous côtés. Eh bien, il se pourrait que nous entrions dans une ère où cet appel nous redeviendra familier.

Etienne Grieu, sj

Recteur du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris