« Le plus beau choeur que j’ai pu expérimenter a été celui du Centre Sèvres » Sanaa Belkouch, comédienne

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Publié le 18 mars 2022

En mars dernier, le spectacle de choeur théâtral Sang(s), Noce(s), Passion(s) s’est déroulé à guichets fermés au Centre Sèvres. Trilogie librement inspirée des Evangiles, cette performance était le fruit d’un travail sur quatre ans, mené par l’autrice-metteuse en scène Valérie Castel-Jordy, avec des étudiants du Centre Sèvres et d’anciens étudiants du conservatoire d’Asnières. Une préparation de longue haleine, qui a porté de nombreux fruits, humains, artistiques, voire spirituels. Les comédiens témoignent…

 

Sanaa Belkouch, ancienne étudiante du conservatoire d’Asnières  

J’ai rencontré Valérie Castel Jordy au conservatoire d’Asnières-sur-Seine, où j’ai été son élève pendant 4 ans. Je l’ai suivie sur ce projet, avec confiance, et j’ai découvert le Centre Sèvres. Ce que je retiens de plus marquant de cette expérience est la beauté du choeur, les rencontres, les amitiés et les barrières déconstruites. Le plus beau choeur que j’ai pu expérimenter a été celui du Centre Sèvres. Il y a là une qualité d’écoute, de présente et de disponibilité qui donne une puissance que je n’ai pas ressentie ailleurs. Le théâtre a été l’endroit à travers lequel j’ai découvert un lieu et des personnes, que je n’aurais, je crois, pas rencontrées autrement. Le théâtre nous rapproche d’un état d’ouverture et de disponibilité si authentique que les relations humaines se tissent, simplement. Et cela est pour moi ce qu’il y a de plus précieux dans le théâtre que défend notre metteuse en scène.

Amit Toppo, jésuite

Le fait de jouer dans la Trilogie Sang(s), Noce(s) et Passion(s), adaptations entre autres du récit de la Cène, de la Noce à Cana et de la Passion du Christ, m’a enthousiasmé. Ces récits sont bien adaptés au contexte actuel et à certaines réalités débattues dans l’Eglise aujourd’hui. L’interaction physique qu’implique le spectacle est une dimension importante étant donné la situation de pandémie qui nous empêche d’avoir un contact immédiat. Le travail du chœur m’a permis d’être plus sensible à mes mouvements intérieurs. Le spectacle lui-même m’a permis de redécouvrir les textes évangéliques qui se sont avérés plus réalistes pour notre monde contemporain : comment ces textes par une interprétation modernisée et adaptée peuvent encore toucher le cœur de beaucoup. Les passages frappants des Évangiles que nous avons mis en scène ont de grandes valeurs non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les personnes de croyances différentes de notre monde contemporain.

Marie Desanges Kavene, Servites de Marie

Avant de rencontrer ce groupe, je n’avais jamais fait de théâtre dans ma vie ; j’ai saisi cette opportunité pour vivre quelque chose de nouveau en approchant autrement les textes bibliques. J’ai été surprise par la simplicité avec laquelle les relations se sont construites dès la première séance de répétition. Une autre surprise a été celle de la relation au corps : monter sur scène, prendre la parole, c’est accepter de se livrer aux regards des autres. Cet espace a été pour moi un lieu d’épreuve et de vie : il est à la fois question d’avoir confiance en soi et aux autres. Cette manière d’approcher l’Évangile m’a permis de percevoir qu’il peut rejoindre chacun (croyant et non croyant) dans ce que nous sommes profondément et que nous partageons : notre humanité telle qu’elle se déploie dans notre vie ordinaire. Il s’agit de porter le texte tout en se laissant porter par lui.

Mathieu Flourens, jésuite

C’est ma confiance dans le travail et la personne de Valérie Castel Jordy, ainsi que la conviction profonde que le théâtre peut être un moyen d’incarner l’Evangile qui m’ont poussé à participer à l’expérience du choeur théâtral. Le jeu théâtral m’amène à descendre en moi même pour ressentir mes émotions. Il m’oblige à m’enraciner. En même temps, il exige de moi une expression et m’amène à me positionner. Le choeur théâtral est une expérience collective ou aucune individualité n’est gommée. Nous ne formons pas un cercle mais une spirale qui s’élève de la hauteur de chacun d’entre nous : est-ce cela la communion ? Le travail avec des personnes venus d’horizons différents, qu’ils soient culturels ou religieux, a affermi ma confiance dans la profondeur humaine de l’Evangile dont chaque homme, chaque femme, peut-être le reflet à la mesure de sa disponibilité intérieure et de son ouverture à ce qui le dépasse.