Des tragédies grecques aux Evangiles : la voix du choeur

Trilogie Sang(s), Noce(s), Passion(s)
photo de l'opus Passion(s)
Article
Publié le 28 février 2022

Vendredi 25 mars à 19h30 et samedi 26 mars à 15h, une représentation de théâtre hors norme se déroulera au Centre Sèvres. Intitulée Sang(s), Noce(s), Passion(s), elle se compose de trois opus de 30 minutes environ sur des passages marquants des Evangiles, reliés en un seul spectacle. La mise en scène résolument contemporaine fait dialoguer le héros ou l’héroïne et le chœur, mené par le choryphée, à la manière des grandes tragédies grecques. Sur scène, des étudiants du Centre Sèvres se mêlent à d’anciens élèves en art dramatique du conservatoire d’Asnières. Religieux, laïcs, hommes, femmes, non croyants, personnes d’origine indienne, africaine, maghrébine, européenne … réunis pour incarner l’humanité de l’Evangile.

Carte blanche à Valérie Castel Jordy

Autrice-metteuse en scène et fondatrice de la compagnie L’Explique-Songe, Valérie Castel Jordy est d’abord venue au Centre Sèvres pour des interventions artistiques autour de la prise de parole en public. L’artiste est tout de suite sensible à l’intériorité vibrante des étudiants, religieux venus des cinq continents, ayant fait don de leur vie à Dieu. C’est alors que naît son projet de chœur théâtral, travail poétique composé de musique, chant et travail du mouvement autour d’extraits des Evangiles. « J’ai librement adapté des passages de l’Evangile avec une forte puissance scénique, dans une vision contemporaine, explique Valérie. Jai réécrit certaines scènes, parfois en fonction des interprètes et de ce qu’ils dégagent, sur une ligne de crête entre le respect et l’audace qu’inspirent ces textes d’une grande force d’évocation. Nous avons ensuite monté chaque opus et après quatre ans de préparation, nous sommes en mesure de présenter la trilogie. »

Unis et distincts, comme un vol d’étourneaux

Le choix des thèmes et des personnages, parfois joués par plusieurs interprètes au fil de la représentation, la reprise d’éléments symboliques d’une scène à l’autre, les mouvements du choeur dans l’espace scénique qui place le public dans un dispositif bi-frontal, comme dans un stade, font ressortir la force des images et des métaphores. « Ce spectacle résonne avec des évènements actuels, parfois par un côté frondeur, mais sans être dans la polémique, commente l’autrice. Certains personnages sont terribles, Hérode et Hérodiade par exemple. Le théâtre nous invite à les porter sans jugement, dans leurs contradictions et leur ambivalence. Les interprètes se laissent traverser par différentes émotions de la haine à l’amour, du mépris à l’empathie. Le chœur appelle cela. Tout l’intérêt du collectif est de trouver une voix commune tout en restant libre, avec sa propre tonalité. Dans le jeu, dans l’espace, nous créons un choeur organique avec un centre et une périphérie comme l’a enseigné Jacques Lecoq. Il faut trouver une forme d’écoute et d’animalité en nous pour ne pas tomber dans un récit métronomique. Comme un banc de poissons, ou un vol d’étourneaux, où des milliers de personnes forment un tout en un mouvement qui danse. »

Deux représentations, une exposition

Avis aux intéressés, la représentation ne peut accueillir qu’un nombre limité de personnes. Les inscriptions sont ouvertes, pensez à réserver dès maintenant ! En parallèle du spectacle, une exposition photographique du travail effectué sur quatre ans sera présentée en accès libre, au rez-de-chaussée du Centre Sèvres (espace Jano), du 7 au 30 mars 2022.

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