Théologie des écritures
La théologie se distingue par un certain usage des Écritures. L’un de ces usages consiste à traiter les Écritures comme des supports de la croyance. Mais n’y a-t-il pas dès lors un risque d’instrumentaliser les Écritures au service d’une élaboration théologique, laquelle pourrait, à la limite, se passer d’elles ? Autre pourrait être l’usage qui considère que les textes bibliques sont moins des scripta (des archives) que des scriptura, c’est-à-dire des textes qui commandent une relecture créatrice laquelle, en cherchant à mieux entendre le sens des textes, se charge d’une nouvelle écriture, théologique celle-là. Dans cette optique, lire les Écritures revient à les déchiffrer, c’est-à-dire à les écouter, et cela pour mieux en rendre l’écho dans de nouvelles écritures.
Notre séminaire aura pour tâche d’essayer de lire les Écritures avec les oreilles. Nous ainsi serons sensibles à ce que j’appelle une « acoustique des Écritures » qui fait cas de l’importance de lire les textes bibliques en percevant leurs dispositifs de témoignages d’un double écho : écho de la Parole vivante et écho au lecteur. « Regardez ce que vous écoutez » (Mc 4, 24) : c’est l’impératif que nous essaierons d’éclairer en nous appliquant à bien lire à partir, essentiellement, de passages de l’évangile de Marc. En même temps, nous tâcherons de comprendre la théologie comme usage d’une certaine liberté créatrice, mère du sens multiple des Écritures dont elle est pourtant la fille.