photo : représentation de l’opus Passion(s) – Valérie Castel-Jordy
SPECTACLE COMPLET
Trilogie librement inspirée des Evangiles, en trois opus thématiques, fruit d’un travail sur quatre ans. Vivez l’expérience du choeur antique avec la mise en scène contemporaine de Valérie Castel-Jordy, avec des étudiants du Centre Sèvres et anciens étudiants du conservatoire d’Asnières. En parallèle du spectacle, une exposition photographique du travail effectué sur quatre ans sera présentée en accès libre, au rez-de-chaussée du Centre Sèvres (espace Jano), du 7 au 30 mars 2022.
L’intuition du premier opus Sang(s) est d’entrer en résonance avec le fait que tout est lié dans les Evangiles. Le sang du Christ donné au cours du dernier repas, les gouttes de sang qui coulent de son front à Gethsémani, ses plaies ouvertes sont reliés dans une même profondeur d’existence avec le sang du corps de Jean-Baptiste décapité ou celui de la femme à la perte de sang. Il n’y a pas de supériorité ou d’infériorité dans la dynamique évangélique, chaque vie palpite dans sa singularité essentielle.
Dans l’Evangile de Jean, les Noces de Cana sont tout de suite suivies par le passage où Jésus renverse les tables des marchands dans le Temple. Ce point de bascule entre ces deux moments qui n’ont apparemment rien à voir, fonde ce deuxième opus Noce(s). J’ai imaginé un mariage mixte où la tension entre les deux familles est telle « qu’ils n’ont pas de vin », ce vin de la joie d’être ensemble. Marie joue un rôle essentiel dans cet opus. J’ai écrit un texte pour elle, inspiré de son cantique, pour dire la puissance d’amour et le courage de cette femme. Ce lien organique entre Jésus et sa mère a sa part de secret qui se laisse ici un peu dévoiler. Quand la noce est cassée, c’est un autre Epoux qui s’avance et que les invité.e.s vont mettre au défi.
Le dernier opus Passion(s) est autant la passion de cette femme sauvée de la lapidation que celle du Christ arrêté au mont des oliviers où les affrontements rappellent les guerres fratricides. Dans l’impasse où se trouve cette femme, Jésus ouvre une brèche et la violence de ceux et celles qui la jugent se dissipe. Comme le sable glisse entre les doigts de Jésus traçant des signes dans le sol, elle ose exprimer son désir. L’air se charge de cet état amoureux proche de la fièvre où l’on voudrait retenir la grâce. La femme est invitée à poursuivre sa route, allégée du poids des règles injustes. Elle va, comme la femme à la perte de sang dont la foi a permis de stopper l’hémorragie, comme Marie-Madeleine dont l’étreinte au tombeau fait d’elle la première annonciatrice d’un nouveau printemps qui ne cesse pas.
« Certains passages tirés des Evangiles sont pour moi de véritables matières à jouer pour être transposées dans un espace scénique et portées par un choeur d’interprètes. L’actualité vibrante de ces textes invite à les faire entendre avec ce que nous sommes, sans chercher une reconstitution historique. La métaphore est ce que je cherche pour toucher le public, quelles que soient les convictions de chacun.e. » Valérie Castel-Jordy, autrice et metteuse en scène.
Témoignages d’acteurs
Sanaa Belkouch, ancienne étudiante du conservatoire d’Asnières
J’ai rencontré Valérie Castel Jordy au conservatoire d’Asnières-sur-Seine, où j’ai été son élève pendant 4 ans. Je l’ai suivie sur ce projet, avec confiance, et j’ai découvert le Centre Sèvres. Ce que je retiens de plus marquant de cette expérience est la beauté du choeur, les rencontres, les amitiés et les barrières déconstruites. Le plus beau choeur que j’ai pu expérimenter a été celui du Centre Sèvres. Il y a là une qualité d’écoute, de présente et de disponibilité qui donne une puissance que je n’ai pas ressentie ailleurs. Le théâtre a été l’endroit à travers lequel j’ai découvert un lieu et des personnes, que je n’aurais, je crois, pas rencontrées autrement. Le théâtre nous rapproche d’un état d’ouverture et de disponibilité si authentique que les relations humaines se tissent, simplement. Et cela est pour moi ce qu’il y a de plus précieux dans le théâtre que défend notre metteuse en scène.
Amit Toppo, jésuite
Le fait de jouer dans la Trilogie Sang(s), Noce(s) et Passion(s), adaptations entre autres du récit de la Cène, de la Noce à Cana et de la Passion du Christ, m’a enthousiasmé. Ces récits sont bien adaptés au contexte actuel et à certaines réalités débattues dans l’Eglise aujourd’hui. L’interaction physique qu’implique le spectacle est une dimension importante étant donné la situation de pandémie qui nous empêche d’avoir un contact immédiat. Le travail du chœur m’a permis d’être plus sensible à mes mouvements intérieurs. Le spectacle lui-même m’a permis de redécouvrir les textes évangéliques qui se sont avérés plus réalistes pour notre monde contemporain : comment ces textes par une interprétation modernisée et adaptée peuvent encore toucher le cœur de beaucoup. Les passages frappants des Évangiles que nous avons mis en scène ont de grandes valeurs non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les personnes de croyances différentes de notre monde contemporain.
Marie Desanges Kavene, Servites de Marie
Avant de rencontrer ce groupe, je n’avais jamais fait de théâtre dans ma vie ; j’ai saisi cette opportunité pour vivre quelque chose de nouveau en approchant autrement les textes bibliques. J’ai été surprise par la simplicité avec laquelle les relations se sont construites dès la première séance de répétition. Une autre surprise a été celle de la relation au corps : monter sur scène, prendre la parole, c’est accepter de se livrer aux regards des autres. Cet espace a été pour moi un lieu d’épreuve et de vie : il est à la fois question d’avoir confiance en soi et aux autres. Cette manière d’approcher l’Évangile m’a permis de percevoir qu’il peut rejoindre chacun (croyant et non croyant) dans ce que nous sommes profondément et que nous partageons : notre humanité telle qu’elle se déploie dans notre vie ordinaire. Il s’agit de porter le texte tout en se laissant porter par lui.
Mathieu Flourens, jésuite
C’est ma confiance dans le travail et la personne de Valérie Castel Jordy, ainsi que la conviction profonde que le théâtre peut être un moyen d’incarner l’Evangile qui m’ont poussé à participer à l’expérience du choeur théâtral. Le jeu théâtral m’amène à descendre en moi même pour ressentir mes émotions. Il m’oblige à m’enraciner. En même temps, il exige de moi une expression et m’amène à me positionner. Le choeur théâtral est une expérience collective ou aucune individualité n’est gommée. Nous ne formons pas un cercle mais une spirale qui s’élève de la hauteur de chacun d’entre nous : est-ce cela la communion ? Le travail avec des personnes venus d’horizons différents, qu’ils soient culturels ou religieux, a affermi ma confiance dans la profondeur humaine de l’Evangile dont chaque homme, chaque femme, peut-être le reflet à la mesure de sa disponibilité intérieure et de son ouverture à ce qui le dépasse.
Durée : 1h30. Places limitées, inscrivez-vous sans attendre !