Comment, pourquoi les philosophes ont-ils toujours voulu classer les arts, les déduire en quelque sorte les uns des autres en faisant varier des paramètres liés au temps, à l’espace, aux sens — et même (ce qui peut étonner en effet) les hiérarchiser ? Comme s’il y avait un noyau constitué par ce qui se joue dans l’art, inaccessible mais se diffractant dans les arts particuliers. D’ailleurs, combien sont-ils ? Sept ? architecture, sculpture, peinture, musique, poésie, danse, cinéma — avec leurs associés, comme le théâtre à la danse, la littérature à la poésie ? Neuf, si l’on ajoute les arts des médias et la bande dessinée ? Et les installations ?
Identifier l’essence de chaque art, identifier la nature de ce noyau commun est une tâche fort révélatrice des présupposés des auteurs qui en parlent. Kant, Hegel, Schopenhauer ont vraiment élaboré des systèmes. Mais il y a, depuis Platon et jusqu’aux contemporains tout un ensemble de textes qui permettent d’aborder la question.
Qu’est-ce que cela révèle à la fois de la philosophie et de l’art ? Occasion de chercher à déterminer sur quoi et à quelle profondeur se fonde l’autonomie de l’art, ce par quoi ce qui se joue en lui concerne intimement tous les aspects de l’existence humaine, sans jamais se laisser réduire à autre chose qu’à lui-même.
Bibliographie :
Platon, Le Banquet, Le Phèdre
Aristote, Poétique, Politiques (VIII)
Plotin, Du beau, Ennéade I.6
Baumgarten, Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant à l’essence du poème
Kant, Critique de la faculté de juger, Analytique du beau
Hegel, Leçons sur l’esthétique
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, Livre III
Deleuze et Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ? ch. 7
Danto, Après la fin de l’art, La transformation du banal