L’évangile de Luc est jalonné de formules d’inversion et de formules de renversement : « Il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles » (Lc 1,52), « il est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël » (Lc 2,34), « il y a des derniers qui seront premiers et il y a des premiers qui seront derniers » (Lc 13,30), « car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14,11 ; 18,14). Renversement ou inversion sont donc des logiques récurrentes dans l’évangile de Luc, implicitement ou explicitement. La première formulation explicite, dans le Magnificat de Marie, est une porte d’entrée. Marie y parle d’expérience. Le renversement se vit donc pour des protagonistes du récit et peut être nommé par eux. Jésus en parle, souvent. En nous inspirant de la proposition de Vincent Jouve, dans Poétique des valeurs, Écriture, (Paris, PUF, 2001), nous tenterons d’évaluer la manière dont le texte construit ce renversement et raconte comment se tissent et se transforment des relations d’autorité (fort et faible) et sociales (honneur et honte). Que suppose ce renversement et qu’est-ce qui le rend possible ? Quel système de valeur s’inverse-t-il ou se renverse ? Comment le monde et le « peuple » s’en trouvent changés ?
05
Oct
18
Jan
2021/2022
05
Oct
18
Jan