Dans la poésie grecque, l’âme, la psyché, est d’abord mentionnée comme quelque chose qui se perd ou s’abîme facilement. Homère nous dit aussi que l’âme a parfois une existence obscure dans le monde souterrain après la mort. Bien plus tard, Sophocle, dans Œdipe-Roi, nous montre un héros qui dit que son âme se lamente sur les troubles de sa ville. Ce séminaire se penchera sur un certain nombre de philosophes de la Grèce antique qui ont progressivement construit des psychologies plausibles liées aux intuitions présentes dans la littérature et dans le langage quotidien.
Nous retracerons l’évolution vers l’articulation complète d’une conception large de l’âme, selon laquelle l’âme n’est pas seulement contemplative, responsable des fonctions mentales ou psychologiques comme la pensée, la perception et le désir, et porteuse de qualités morales, mais d’une manière ou d’une autre, elle est créatrice de toutes les fonctions vitales de tout organisme vivant. Cette conception large trouve son articulation la plus complète chez Platon, puis chez Aristote. Les théories de la période hellénistique, en revanche, s’intéressent plus étroitement à l’âme en tant que responsable spécifique des fonctions mentales ou psychologiques. Chez Plotin et chez un néoplatonicien comme Grégoire de Nysse, nous trouvons les vues de Platon et d’Aristote harmonisées et développées.
Des arguments philosophiques en ce sens sont développés dans le dialogue de Platon, le Phédon, également connu des lecteurs de l’antiquité sous le titre De l’âme. La République, qui avait pour titre ancien De la justice, oriente la discussion dans une autre direction. La justice est conçue comme un état excellent de l’âme. Au sein de l’âme, divisée en trois parties, il y a une lutte continuelle pour la maîtrise de la raison. En même temps, une âme en paix est très souhaitable. Cette paix est le fruit de l’harmonisation de plusieurs forces opposées, certaines émotionnelles et d’autres plus purement intellectuelles.
La théorie d’Aristote, telle qu’elle est présentée dans le De Anima, est que l’âme est un type particulier de nature, un principe qui explique le changement et le repos dans le cas particulier des corps vivants tels que les plantes, les animaux non humains et les êtres humains. La relation entre l’âme et le corps, selon Aristote, est également une instance de la relation plus générale entre la forme et la matière. Bien que l’âme aristotélicienne soit beaucoup plus robuste que l’âme facilement perdue et endommagée envisagée par les premiers poètes, la tradition philosophique grecque, jusqu’aux néoplatoniciens chrétiens, n’a jamais perdu l’idée que l’âme doit être soignée et protégée même dans l’éternité.
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2022
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