Soucieux d’éviter les écueils de l’objectivisme des sciences positives et le subjectivisme de la psychologie, Edmund Husserl (1859-1938) développa une manière de penser prenant son point de départ dans la description rigoureuse des expériences vécues dans lesquelles se produit la rencontre entre un sujet et le monde. Plus précisément, il s’agit de l’analyse des actes de conscience qui prêtent un sens aux données de l’expérience qui se manifestent comme ‘phénomènes’ à cette conscience. La phénoménologie est pour Husserl une méthode dont la visée ultime serait une connaissance des fondements du savoir grâce à une ‘universelle prise de conscience de soi-même’.
La première partie du cours sera consacrée à la présentation de la démarche de Husserl et à l’étude des concepts-clés de sa méthode (‘intentionnalité’, ‘phénomène’, ‘réduction phénoménologique, eidétique, transcendantale’) et de quelques thèmes particuliers (temporalité, intersubjectivité). Il faudra s’interroger ensuite sur les enjeux et les limites de l’entreprise husserlienne.
La seconde partie du cours se penchera sur l’extraordinaire fécondité d’une méthode qui a favorisé l’émergence de pensées originales et souvent radicales, notamment en France. Dans les limites de ce cours, nous choisissons de traiter brièvement l’incidence de l’apport de Husserl sur quelques philosophes majeurs (Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Levinas et Michel Henry). De chacun de ces auteurs, nous lirons et commenterons quelques pages qui apportent un éclairage précieux sur l’approche phénoménologique.
Bibliographie
- Husserl, Méditations cartésiennes. Introduction à la phénoménologie, traduit par G. Peiffer et E. Levinas, 1931 (réédition Vrin, 2008)
- Heidegger, Être et temps, 1928
- Sartre, L’être et le Néant. Essai d’ontologie phénoménologique, 1943 (réédition Gallimard, coll. Tel)
- Sartre, ‘Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl’ (1939), dans Situations philosophiques (Gallimard, coll. Tel)
- Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945 (réédition Gallimard, coll. Tel)
- Levinas, ‘L’œuvre d’Edmond Husserl’ (1940), dans En découvrant l’existence avec Husserl et Heidegger (réédition Vrin, 2006)
- Levinas, Totalité et Infini, 1961 (réédition Le Livre de Poche)
- Henry (Michel), Incarnation. Une philosophie de la chair, Le Seuil, 2000