Dans une conférence de 1946, Camus se déclare incroyant et fait part de ses attentes à l’égard des chrétiens : il réclame un vrai dialogue entre croyants et incroyants, pour lutter ensemble contre les « forces de la terreur » ; il appelle le christianisme à parler dans « un langage clair » et à préserver sa « vertu de révolte et d’indignation » ; il rend hommage à la métaphysique chrétienne, qu’il considère comme « une des rares philosophies cohérente » ; et pour finir, il ose une critique acerbe : « Quand un évêque espagnol bénit les exécutions politiques – je m’excuse de ce que je vais dire – il n’est ni un évêque ni un chrétien, pas même un homme : il est un assassin », avant de conclure : « Ce que je sais et qui fait parfois ma nostalgie, c’est que si les chrétiens (s’engageaient) dans le monde, des millions de voix se joindraient à (eux) »
Pour entrer dans la complexité et l’actualité du rapport de Camus au christianisme, deux temps seront envisagés :
1 – Son rapport aux chrétiens, au Christ et à la foi chrétienne, dans sa vie et dans son œuvre, à travers ses trois cycles : l’absurde, la révolte et l’amour.
2 – Son rapport à la morale, à la politique et au sacré dans un monde qui est encore le nôtre..