Qu’a donc de commun avec le double commandement d’amour de Dieu et du prochain le commandement d’amour des ennemis, caractéristique de l’éthique chrétienne ? S’agit-il de refus de se défendre, de non-violence, d’opposition à la guerre, de rejet de la vengeance ? S’agit-il d’une forme de l’amour qui élude et oublie la souffrance ? Il faut d’abord définir la figure de l’ennemi en se détachant des stéréotypes guerriers mais aussi celle du prochain, de l’ami et du frère. Viennent ensuite les questions sur la construction et la perception de l’ennemi : quelles sont les conditions qui, dans une société humaine, conduisent à considérer une idéologie, une religion, leurs adeptes ou leurs fidèles, un peuple, comme ennemis ? Puis s’ouvrent les problématiques du conflit, de la haine, de la persécution et de la violence ; elles mettent à jour les tensions entre un engagement moral et des contraintes intimes, sociales ou politiques, voire religieuses. Dès lors, la compassion, la justice, la réconciliation et le pardon sont-ils un chemin possible dans une dynamique d’amour des ennemis ?
Partant de l’exégèse, nous serons accompagnés par des sociologues, historiens, philosophes et théologiens. Nous compléterons ces apports théoriques par les témoignages des Commissions Vérité et Réconciliation. Tout au long du séminaire, nous convoquerons également la poésie et la littérature.